Attentat au Daguestan : le Caucase sous tension
La nuit dernière, un attentat contre une unité militaire russe dans la base de Bouynaksk a fait cinq morts et environ quarante blessés dans la province du Daguestan, une république de la Fédération de Russie depuis 1991 non loin de la Tchétchénie. Cette attaque a visé, comme à son habitude, des représentants du pouvoir russe, contre lesquels se révoltent régulièrement les rebelles locaux.
Cette région en majorité musulmane, et touchée par une rébellion islamiste, est quotidiennement touchée par des violences parfois meurtrières. Souvent au bord de la guerre civile, le Caucase ne fait cependant plus seulement l’objet de luttes indépendantistes mais est aussi et surtout le théâtre de violences pour la cause islamiste. Or, les rangs de ces groupes islamistes ne cessent de croître. La hiérarchie, si elle existe, n’est pas toujours respectée, d’où des attentats totalement imprévisibles.
Pourtant, Vladimir Poutine a récemment indiqué qu’il « ne pense pas qu’il y ait des prémices pour une nouvelle guerre » dans le Caucase. Selon lui, en effet, les insurgés ont certes les moyens de commettre des actes terroristes, mais non les capacités d’entrer en guerre. Mais avec la Tchétchénie ou encore l’Ingouchie, c’est tout le Caucase qui est sous tension. La fréquence des violences ces derniers mois s’y est d’ailleurs accrue. Or, la Russie peine depuis déjà longtemps à restaurer le calme dans ce qui est couramment appelé « la montagne des peuples ». L’impuissance russe est donc évidente.
Pour la Russie, le Caucase, et notamment le Daguestan, représente un défi majeur. Il s’agit tout d’abord d’assurer l’intégrité du territoire russe dans des territoires dont l’enjeu est important, en particulier du fait des ressources énergétiques et de leur position géostratégique. Mais le problème semble insoluble pour Moscou. D’un côté, si le gouvernement russe choisit de ne rien faire, les rebelles seront confortés dans leur espoir de s’approprier la région. De l’autre, si la Russie décide d’intervenir pour affaiblir le mouvement insurrectionnel, son mode opératoire sera décrié, et les groupes terroristes se reconstitueront à terme de manière renforcée. Comment va réagir le pouvoir russe ? C’est tout l’enjeu des semaines ou mois à venir, d’autant que les ardeurs des insurgés sont loin de s’apaiser.